mardi, mars 19, 2024
Les Manuscrits de la Mémoire Morte

Les Manuscrits de la Mémoire Morte

Dans un monde à l'histoire oubliée, les morts marchent et les civilisations s'égarent.

Langues

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Les peuples d’Alméra ne sont pas unanimes sur la langue à employer et pour cause. La langue dérive tant de l’histoire que de la culture de chacun, du vécu, de la pratique, des déformations nées de l’isolement ou de la mauvaise transmission d’un savoir à travers les générations. Le nombre de lettrés dans le monde a largement augmenté depuis Uyadan, mais l’écrit n’est que le témoin et non le guide des usages linguistiques. Si l’Empire d’Asten pouvait être fier d’une chose, c’était de l’universalité de sa langue, une langue imposée à tous ses peuples quelle qu’en soit l’origine, une nécessité pour contrôler un pays aussi grand et un bienfait pour l’union des générations futures. Une langue qui fut apprise par ses voisins pour établir des relations diplomatiques. Un siècle après Uyadan, plus de 3 siècles, d’après l’Histoire, après la chute de l’Empire, qu’en reste-t-il ?

Histoire et langues

L’histoire d’une langue suit de près l’histoire d’un peuple. C’est par le biais du langage que sont transmis pratiquement tous les éléments d’une culture aux générations suivantes. Il est donc naturel que la langue par elle-même, à la fois véhicule et expression de la culture, survivent aux ethnies et aux espèces à travers les âges. Parfois les langues puisent à une même source leur structure de base, mais ces évolutions ne sont pas instantanées ni même définitives. C’est l’usage qui pilote l’évolution d’une langue et non les décisions, parfois arbitraire, d’érudits qui se voudraient détenteurs absolus du savoir.

En cela on reconnait que certaines langues d’Alméra évoluent très peu, tandis que d’autres évoluent sans arrêt, voire drastiquement. À comparer, la langue elfine, parlée par des êtres potentiellement aussi vieux que le monde n’est pas sujette à beaucoup d’évolution ou de remise en question. La langue est d’ailleurs élevée à un niveau artistique chez les Elfins et la manier avec la plus grande justesse un critère de respect. Dans ces conditions on peut comprendre que ce qui a été établit peut-être des millénaires auparavant, n’ait pas changé. À côté de cela, les Humains qui bénéficièrent d’un langage unifié sous la domination de l’Empire d’Asten ont vécus plusieurs siècles sans l’apport d’un savoir unique, laissant resurgir des vieilles habitudes linguistiques transmises régionalement à travers les générations, pour infléchir l’évolution vers une version quasi-individualisée pour chaque culture.

Ce sont ces événements qui formatent les transformations linguistiques et qui isolent parfois des peuples qui parlaient autrefois la même langue par l’incompréhension et le rejet de choix d’expressions qui n’ont plus rien de commun avec les usages de part et d’autres.

Protolangage et bases culturelles

Les érudits les plus athées pensent que, dans leur propre histoire, les espèces intelligentes d’Alméra sont toutes issues de formes de vie primitive qui doivent l’apparition du langage à des balbutiements de sonorités dont le sens s’est affinés sur des dizaines de génération. Cette explication ne tient pas tellement la route lorsqu’on évoque les Elfins dont les caractéristiques biologique sont, a priori, les mêmes depuis la nuit des temps. En revanche, elle explique aussi bien l’apparition du langage chez les Humains, les Dudins et les Gnolls qui seraient tous passés par le stade « sauvage ». Cela sous-tend l’existence d’un protolangage induit par l’origine morphologique et le milieu de l’espèce. L’usage de ces protolangages a pour particularité d’être géographiquement limité tout en étant éparpillé étant donné que l’espèce ne s’est pas développée dans une unique région et d’une unique manière.

L’étude scientifique et les ouvrages consultables de la Grande Bibliothèque d’Urakis, ainsi que la confirmation des quelques contacts elfins disposés à répondre sérieusement à cette question, mettent en évidence l’existence de 8 protolangages qui sont :

  • Proto-elfin : les Elfins eux-même admettant que leur langue actuelle est une déclinaison évoluée d’un langage plus primitif.
  • Proto-astaren : une langue parlée géographiquement dans l’actuelle Aodissia.
  • Proto-éosien septentrional : langue parlée dans la partie nord d’Alméra.
  • Proto-éosien occidental : langue parlée dans la partie ouest centrale d’Alméra.
  • Proto-darien : langue parlée dans la partie est et sud d’Alméra.
  • Proto-gobil : une langue parlée par une ou plusieurs races éteintes.
  • Proto-dudin : la langue primitive des Dudins.
  • Proto-gnollien : la langue primitive des Gnolls. Une incertitude demeure sur l’existence avérée de cette protolangue qui pourrait en fait être déjà une dérivée du proto-gobil.

A noter que le proto-éosien septentrional et occidental sont définit comme deux protolangages indépendants principalement à cause de l’incertitude concernant leur origine, étant donné que l’éosien, le premier langage articulé et écrit des Humains, semble être issue de l’union de ces deux cultures à une époque reculée.

Le proto-gobil n’aurait que très peu évolué avant de disparaître. La ou les races qui parlaient cette langue n’ont jamais élaboré de forme écrite et ses dépositaires ont été exterminés par les Dudins. Les derniers locuteurs de ce langage auraient péris juste avant le déclin de l’Empire d’Asten. On suppose toutefois qu’ils parlaient une langue plus évoluée que leur protolangue, sans doute à mi-lieu entre une forme articulée et non-articulée.

De la protolangue à la langue et de la langue aux cultures

Les protolangues sont des formes extrêmement primitives de communication. Elles ne sont pas homogènes au sein des locuteurs, peuvent adopter de drastiques changements en une seule génération, sont faites d’un mélange de cris et d’expression corporelle et ne dispose, de fait, d’aucune forme écrite ni de son articulé. Si l’on s’en tient à cette définition et à ce que les érudits pensent de l’évolution linguistique, mais également à ce dont les Elfins ont été témoins d’après leurs rares écrits, il aurait fallu des millénaires pour arriver d’une forme aussi primitive d’expression à un langage articulé et intelligible. Devant ce constat, les religions n’évoquent même pas la possible émergence de l’intelligence et du langage sur la durée, les considérant comme acquis. Du reste, les traditions et les mythes de la création, laissent ce point dans une totale ignorance à moins de le glorifier comme un instrument qui n’a été accordé qu’à un peuple élu, élevant le verbe au rang du sacré.

Néanmoins, l’identification d’une protolangue est bien le point de départ de l’évolution d’une langue. Que cette dernière ait eu ou non de forme écrite n’entre pas en ligne de compte, à ceci près que les écrits restent et que des ouvrages témoignent de ce vécu linguistique. Établi par déduction ou supposition, l’ensemble des informations qui suit est à prendre avec caution. À savoir, les protolangues ont précédé la formation de dialectes intelligibles et ces langues nées de racines communes ont évolués, se spécialisant par culture. Le procédé est assez simple à comprendre. Quand des peuples sont en contact fréquent, leurs langues se mêlent et fusionnent parfois. Quand ils s’isolent, leur langue évolue sans contrainte et s’éloignent.

Le tableau ci-dessous relate, par période, comment les langues se sont structurées :

Evolution des protolangues et des langues d’Alméra

Les protolangues et les langues mortes indiquées ci-dessus n’ont d’intérêt que la compréhension de l’évolution de chacune d’elles. Notons toute de même qu’entre la fin de l’Empire d’Asten et la période actuelle, il n’y a pas de nouvelles langues mortes et très peu de nouvelles langues vivantes. Le moment le plus crucial des évolutions linguistiques se situe principalement entre l’histoire précédant l’Empire d’Asten et l’apogée de celui-ci, période qui a vu le plus de mélange et d’union de cultures qu’auparavant. Assurément, la répartition actuelle des cultures et des peuples hérite principalement de ce moment clé.

Les langues vivantes d’Alméra

Les peuples humanoïdes intelligents et développés d’Alméra se partagent 15 langues vivantes. Certaines ont des origines communes, tandis que d’autres ont conservé une indépendance historique.

Elfin moderne

  • Région : le Domaine Elfin
  • Principaux Locuteurs : les Elfins

Si l’éosien, l’ancêtre de l’astenite, a quelque peu influencé l’émergence de l’elfin moderne, c’est principalement en raison des contacts pacifiques et commerciaux établis avec les Humains en plein essor territorial à l’époque. Les Elfins qui, jusque là, vivaient en parfaite autarcie, saisirent l’occasion de moderniser leur langage en empruntant principalement à la grammaire et peu au vocabulaire. Il n’y a cependant pas d’énormes différences avec l’ancien elfin qu’il est difficile de considérer comme une langue totalement morte de ce point de vue.

Dosarien

  • Région : la Forêt de Chantepin
  • Principaux Locuteurs : les Chantepinois

Influencée par la colonisation des Éosiens en Astareth, le dosarien, issue du dosaren lui-même issue de l’astaren parlé initialement dans la région, est restée la langue privilégiée des Chantepinois. Elle a donné naissance à des formes dérivées très voisines telles que le dredan et le montairinois.

Dredan

  • Région : la Forêt Drédane
  • Principaux Locuteurs : les Dredanii

La naissance du dredan en tant que langue indépendante (que l’on qualifie plus volontiers de dialecte du dosarien) a eu lieu assez tardivement au regard du temps depuis lequel le dosarien existe. Les Dredanii revendiquent la paternité du dosarien au sein de leur culture, mais désireux de marquer leur indépendance vis-à-vis des Chantepinois dont ils sont séparés depuis des siècles, ils ont décidé d’adopter le dredan comme nom de langue, ce qui a été, en réalité, ce qui a mené au nom de leur peuple et de leur culture. On peut naturellement en déduire que les Dredanii se sont appelés jadis les Dosarii comme l’indiquent les ouvrages pré-impériaux.

Montairinois

  • Région : les Monts Airins
  • Principaux Locuteurs : les Montairinois

Considéré également comme un dialecte dosarien, le montairinois aurait conservé beaucoup en commun avec le dredan, suivant en cela une évolution similaire alors même que Montairinois et Dredanii ne se sont pas vus depuis des siècles. Les linguistes et autres érudits ne s’expliquent pas cette étrangeté. Faute de mieux, ils considèrent que le montairinois, parlé par les Montairinois découverts par les Aodissiens après la Levée des Morts, serait normalement issu du dredan alors qu’il devrait avoir eu sa propre évolution depuis la langue morte dosaren.

Noron

  • Région : Aodissia
  • Principaux Locuteurs : les Nomades

Langue totalement nouvelle dérivée de l’aodissien (et même parfois de l’astenite) et du dredan, la langue des Nomades se stabilise à peine depuis ces deux dernières générations. Les Montairinois, Chantepinois et Dredanii à partir duquel s’est formé le peuple des Nomades a globalement construit son langage sur les bases grammaticales de l’astenite (dont l’aodissien est l’héritier) et sur un mélange de vocabulaire issu des 3 cultures fondatrices.

Aodissien

  • Région : Aodissia
  • Principaux Locuteurs : les Aodissiens, les Bretanii, les Bordurins, les Unakisii, les Gatteniens, les Doskaaldii, les Ariolins, les Rougemeriens, les Oraorinii, les Darkiliens

Héritière de la langue impériale d’Asten, l’astenite, l’aodissien en reprend les grand principe grammaticaux. Son vocabulaire est enrichi par toutes les cultures qui participent à la création de la Fédération Aodissienne à quelques exceptions près, comme les Dredanii, les Chantepinois, les Montairinois ou les Nomades. Cette exclusion n’est d’ailleurs pas fortuite et contribue à l’isolement linguistique des Nomades et de leur noron. L’aodissien est maintenant la langue commune la plus répandues chez les Humains. C’est celle utilisée par les ambassadeurs et représentants des races étrangères pour communiquer avec les Humains.

Bordurin

  • Région : région d’Urakis et Mont du Bord
  • Principaux Locuteurs : les Bordurins

Les Bordurins ont conservés très longtemps sous une forme ancienne leur langue issue de l’éosien. Avant le melting pot ayant donné naissance à l’astenite, l’éosien était la langue la plus répandues chez les Humains. L’isolement des Bordurins, durant l’Empire, a contribué à un retour vers la langue éosienne dont les livres étaient porteurs et à une évolution naturelle de cette langue ancienne pour devenir le bordurin actuel. Les Bordurins continuent d’enseigner cette langue à leurs enfants ainsi que l’aodissien.

Eostaren

  • Région : la région d’Oraoris et les Marais de la Rôdemort
  • Principaux Locuteurs : les Oraorinii

Cette langue née de la fusion de la culture d’Astareth et celle de l’Empire d’Asten naissant a été développée par les Issaliens. Leur culture faite d’un conglomérat de cultures issues de la fange criminelle des sociétés placée sous le joug impérial est très vite devenues indépendantes et protégées par les lois sévères des Issaliens. Il est normal que cette langue n’ait pas beaucoup évolué du fait de l’isolement des pirates-nécromages durant des siècles, recueillant de-ci de-là des expressions et du vocabulaire importés par les nouveaux membres de la société issalienne, contraints d’apprendre l’éostaren pour être pleinement acceptés.

Darien

  • RégionDarkil (sud-est d’Alméra)
  • Principaux Locuteurs : les Darkiliens

Le darien est la plus ancienne langue vivante d’Alméra. Elle a survécu à tout, aux guerres, à l’invasion culturelle d’Asten, à la chute de l’Empire et même la Fédération Aodissienne n’a pas pu écorcher une once de cette langue jalousement préservée et considérée, par les Darkiliens, comme le verbe original de Dar. Plus qu’une langue, le darien fait partie intégrante de la croyance darkilienne. Depuis la Levée de Morts et la rupture de contact avec Darkil, on ne saurait être affirmatif quant à la subsistance de Darkil, isolée dans l’est d’Alméra et coupée de sa sous-culture implantée à Aodissia. On peut raisonnablement supposer que si Darkil a survécu, le darien aussi.

Darite

  • Région : la région d’Osmondis
  • Principaux Locuteurs : les Darkiliens

Cette divergence du darien n’est que très subtile sous la domination astenite pour devenir de plus en plus marquante au fil des siècles. Fidèle à leurs valeurs religieuses et croyant préserver le véritable verbe de Dar, les Darkiliens d’Astareth devenus fondateurs d’Osmondis dans la Fédération Aodissienne, s’ingénient à enseigner une forme évoluée et transformée du darien, une langue ayant beaucoup en commun mais polluée (selon les locuteurs du darien) par du vocabulaire et des règles grammaticales propre à Asten. S’il est possible de se représenter un schisme linguistique, le darite en est un parfait exemple.

Assanien moderne

  • RégionDoasietch
  • Principaux Locuteurs : les Assanii

Cette langue n’est connue que des seuls Assanii et des rares aodissiens qui ont été en contact avec eux. Lorsque, en partie réduit en esclavage par les Issaliens, les Assanii furent confrontés à cette étrange culture, le cours de l’évolution de leur langue originelle fut infléchi vers sa version actuelle, enrichi de notions et de vocabulaires propres à leurs maîtres.

Gnoll

  • RégionAodissia
  • Principaux Locuteurs : les Gnolls Apostats

Considérée comme la langue gnolle originale, le gnoll n’est parlé que par les Gnolls Apostats depuis le schisme qui les a séparés des Udashites. Cette langue comporte encore beaucoup d’onomatopée gardée de la protolangue dont elle est originaire.

Gnollisien

  • RégionAodissia
  • Principaux Locuteurs : les Gnolls Udashites

Beaucoup plus raffinée que le gnoll, le gnollisien est imprégné par une forte influence aodissienne. Pourtant, on ne note aucun héritage direct entre l’aodissien et le gnollisien qui se serait naturellement développé au contact ténu de la civilisation aodissienne. Le gnollisien abandonne tous les reliquat du proto-gnollien qui appartenait à la langue d’origine et marque un tournant définitif dans sa structure par rapport à son ancêtre gnollien. Les érudits tiennent pour acquis que, par l’adoption de cette langue, les Gnolls Udashites ont achevée une étape majeure de leur développement culturel.

Dudin moderne

  • RégionRoyaume Dudin
  • Principaux Locuteurs : les Dudins

A l’instar de l’elfin moderne qui a été influencé par l’éosien alors langue de l’empire naissant d’Asten, le dudin, au contact avec la civilisation humaine, intégra quelques concepts et vocabulaire originaires d’icelle. Fait curieux car dans la même période, le dudin ancien inspirait et faisait évoluer le dosaren des Bretanii vers le bretan.

Bretan

  • Région : la région de Moliadis
  • Principaux Locuteurs : les Bretanii

Le bretan est né du dosaren à l’époque ou ce peuple, implanté dans le sud de l’Empire d’Asten, aux frontières du Royaume Dudin a été fortement influencé par le voisinage des Dudins auxquels les Bretanii empruntèrent également leur croyance mythologique. Cette fusion se scella quand le peuple bretani devint colonial sur territoire dudin, puis réfugiés chez eux après la trahison de l’Empire d’Asten. Les Bretanii qui parlaient aussi bien le dudin en cours de modernisation, l’astenite et le dosaren, ne gardèrent que le dosaren et le dudin dans leur culture.