mardi, octobre 8, 2024
Les Manuscrits de la Mémoire Morte

Les Manuscrits de la Mémoire Morte

Dans un monde à l'histoire oubliée, les morts marchent et les civilisations s'égarent.

Les Assanii

Sommaire de la page

Les assanii sont vus comme des sauvages primitifs pour lesquels la notion même de civilisation n’a pas le moindre sens. Préservé par la volonté des Aodis de protéger tous les peuples, les assanii sont les humains les moins compatibles avec les aodissiens. Ils occupaient une large partie du territoire au sud des marais de Rôdemort avant d’en être chassé et ils se sont donc installé dans le sud-ouest d’Aodissia et y vivent de façon assez autarcique et toujours de manière primitive.

Origine

Implantés dans le sud-ouest d’Alméra bien avant le formation de l’Empire, les assanii furent chassés comme les sauvages qu’ils étaient lorsque Asten s’empara de leurs terres. L’Empire ne leur devait rien et la faible résistance de ce peuple sauvage à l’organisation tribale autant que leur hostilité ne parla pas en leur faveur. Ils ne furent toutefois pas anéanti et migrèrent à travers les montagnes jusque dans le sud de la région d’Astareth où, à l’écart de toute civilisation, ils reprirent leur existence en gardant dans leur tradition la haine du peuple qui les avait attaqué.

Ils eurent des contacts avec les Issaliens qui, quelques siècles plus tard, créaient une société à part dans les Marais de Rôdemort. La supériorité des Issaliens leur permit de les approcher et d’en réduire quelques-uns en esclavage, mais ne voyant pas d’autres opportunités à sortir de l’abri relatif de la mangrove pour s’exposer au soleil des steppes assanii, ils n’allèrent pas plus loin. De leur côté, les assanii trouvèrent dangereux d’aller trop au nord et gardèrent leurs distances avec la lisière des marais.

Il fallut encore des siècles, la chute de l’Empire et Uyadan pour modifier significativement la société assanii. Les Disciples d’Aod n’avait pas souhaité leur rendre visite et les Aodis après eux hésitèrent longuement à entrer en contact avec les assanii. Ils connaissaient leur histoire et leurs souffrances et craignaient d’anéantir cette civilisation s’ils la confrontaient avec le reste des humains. Pour finir, il ne firent rien. Et la Levée des Morts survint. Les assanii n’avaient aucun moyen de lutter contre leur mort, mais pis encore, ils se trouvaient sur un territoire en proie à certaines catégorie d’animaux et d’insectes particulièrement dangereux. Leur territoire déjà hostile devint invivable et la Mort se répandit chez eux comme une peste. Pour éviter de se retrouver confronté à l’anéantissement complet, ils firent route vers le nord-est pour traverser les affluents du Gorgebleue, jusqu’à passer le fleuve lui-même en un exode qui dura plus de deux ans, où ils crurent à chaque pas qu’ils pouvaient s’arrêter, mais qu’un danger croissant leur imposait de fuir encore.

Les Aodis n’eurent pas la possibilité de s’occuper immédiatement d’eux et lorsqu’il parut inévitable que les assanii rencontreraient bientôt la civilisation aodissienne, il leur fallut prendre les devants. Ils se présentèrent donc à eux, les impressionnant fortement, mais les effrayant plus qu’autre chose, et ne parvinrent qu’à provoquer leur hostilité. Convaincu à la fois de ne pouvoir rester là où ils étaient, au sud d’Osmondis, et à la fois d’être confronté à un danger tout aussi terrible au nord, ils choisirent d’affronter le moindre. Comme des bêtes traquées, il franchirent le Gorgebleue et envahirent le territoire d’Osmondis. Mais rencontrant trop forte partie, il fuirent vers l’ouest.

Les Aodis employèrent les légions des Chevaliers du Destin non pas pour les neutraliser mais pour les canaliser. Ils les poussèrent ainsi toujours plus à l’ouest pour les amener dans les collines situées au sud des Monts-Airin. Et à partir de là, les Aodis interdirent à tous les peuples d’Aodissia de visiter ou d’investir cette région restée déserte avant l’arrivée des assanii. A l’insu de beaucoup, les assanii vivent désormais sur le territoire aodissien dans une région largement évitée par les routes et les déplacements militaires ou commerciaux. Ils ont par ailleurs appris à gérer leurs morts eux-mêmes et les Aodis n’interviennent jamais chez eux, les laissant vivre en autarcie. Les assanii eux-même craignent tout ce qu’il pourrait y avoir au-delà de leurs collines. Rien que les facéties volcaniques des Monts-Airin les effraient. Quelques-uns sont parfois sortis du territoire, mais les assanii n’ont jamais envoyé qui que ce soit prendre officiellement contact avec leurs voisins et les Aodis n’ont pas davantage pris le risque de les contacter à nouveau de peur de provoquer un nouvel exode involontaire qui pourrait s’avérer bien plus problématique.

Religion

Au départ animiste, les assanii ont intégré dans leur vie un dieu dont l’existence a pu être démontré et s’est avérée efficace lors de leur exode pour « chasser les démons ». En réalité, c’est par un habile jeu que les Aodis, les « démons » en question, ont réussi à leur inculquer la croyance en ce dieu. C’était une étape indispensable dans l’évolution culturelle des assanii pour leur permettre d’être autonome face à la mort. La chose est parfois discutée par les érudits qui connaissent l’existence des assanii et les observent avec une certaine curiosité et elle soulève parfois des questions gênantes, car le dieu que les assanii révère s’appelle Doa, un nom trop proche d’Aod pour ne pas être remarqué. On en déduit aisément que les assanii révèrent en fait Aod et que c’est parce qu’ils pensent que ce dernier les protège contre les démons qu’ils ont acquis la foi. De la part des « démons » eux-mêmes envoyés d’Aod, ça prête à sourire. Bien sûr, les assanii n’ont absolument pas conscience de cet état de fait.

Les croyances des assanii sont essentiellement établies par la crainte. Ils croient que toutes les épreuves qu’ils ont subi avaient pour vocation de les amener à reconnaître l’existence de Doa, selon eux, un être supérieur qui vit dans la terre et qui, après avoir fait pourchassé ses ouailles par monts et par vaux, les a incité à s’installer au pied de son « temple grondant » (les Monts-Airin) en leur accordant le pouvoir de faire en sorte que leurs morts demeurent morts. Ils attribuent ça à leur terre d’accueil dans la mesure où leurs morts se relevaient jusque là, où qu’ils s’installent, mais en réalité cela tient à la pratique de la foi indéfectible que leurs chamans manipulent sans vraiment en comprendre la nature. La terre en question s’appelle Doasietch (le refuge de Doa), et les assanii sont prêts à la défendre contre tout envahisseur.

Depuis 80 ans que la Levée des Morts a commencé, la génération de ceux qui subirent l’exode est désormais éteinte. Le dogme de Doa s’est bien implanté mais peu développé et leur croyance est encore fragile. Ils perdraient sans doute la foi s’ils apprenaient et comprenaient que les démons dont ils ont peur sont des envoyés de leur dieu et que rien de ce qu’ils ont vécu ne s’interprète comme une épreuve de leur dieu.

Us et coutume

Les assanii sont restés primitifs des siècles durant. Leur tradition orale n’a laissé que des craintes superstitieuse dans leur histoire, depuis le massacre de leurs ancêtres par les « démons cuirassés » (Tefresh atik dans leur langue), les impériaux, jusqu’à leur exode face à « la malédiction de Doa » (Kalissa Doa), la Levée des morts, les assanii n’ont clairement jamais fait confiance à ce qui ne leur ressemble pas. Pourtant, ils sont humains et bien que de peau basané, fort ressemblant aux reste des humains d’Aodissia. Sans doute comprennent-ils les différences sur la base des tatouages dont ils se parent et que les étrangers ne possèdent pas. A l’occasion, ils ont pu voir des montairinistes, qui eux portent des tatouages, mais ont la peau pâle comme les Aodis, et ceux-ci ne leur ont pas davantage inspiré confiance. Les assanii cultivent donc une xénophobie assez forte.

Au cours de leur histoire, les assanii ont parfois, en abattant des ennemis, réussi à obtenir des armes en métal. Ils ne savent pas les fabriquer. Ces armes se sont transmises de génération en génération et sont devenues sacrées, car puissantes. Volées « aux démons », ces armes peu nombreuses sont la propriété d’un assani en particulier, un Feydakin, qui en fait don à un moment de sa vie à quelqu’un qu’il en juge digne. Les propriétaires d’armes sacrées sont censés savoir s’en servir et constitue un groupe de combattant d’élite. En cas de conflit majeur touchant toute la population assani, les Feydakins sont réunis et servent de chefs. Ils dirigent des groupes de guerrier ou s’associe pour former des commandos. Dans l’art de la guerre, les assanii préfère la guérilla, car ils ne peuvent espérer survivre à une bataille rangée.

Les tatouages tribaux des assanii sont des distinctions de faits. Lorsqu’un assani s’illustre dans un événements de façon marquante, il est tatoué d’un ou plusieurs symboles représentant son fait. Il n’y a pas de chronologie particulière, mais plus un assani est tatoué plus son histoire est marqué de fait remarquable. Par ailleurs, la symbolique des tatouages est distinctive du fait qui caractérise l’assani. Les faits d’armes se distinguent donc nettement des faits sociaux, des faits de chasses, des faits magiques ou des faits artisanaux. Les tatouages sont aussi la raison pour laquelle il se vêtent peu. Il est important de les voir, et ils ont longtemps vécu dans des régions chaudes d’Alméra ce qui les a conduit à un style vestimentaire très limité.

Les sorciers assanii sont dénommés Shaati et les assanii ne font aucune distinction entre magie des esprits et magie divine dans la pratique. Il y a donc des Shaati qui ont un pouvoir sur les morts et ceux-là ont été surnommé Shaati Kasrek. Les autres Shaatis ont un pouvoir sur la nature et les éléments et sont désignés comme Shaati Farkis. La pratique de la magie est toutefois assez peu répandu. Les tribus assanii s’efforcent d’avoir au moins un Shaati.

Les jeunes assanii sont éduqués par leur mère. Ils apprennent la langue, l’histoire et les coutumes assanii auprès d’elle les 9 premières années de leurs vies. Les cinq suivantes, les garçons sont pris en charge par les homme pour se voir enseigné leurs métiers. Les filles restent auprès de la mère à apprendre ce que les femmes doivent faire de leur existence avant leur départ pour une autre tribu. La sélection des garçons est d’abord faite par centre d’intérêt, s’ils sont capable d’en faire un, sinon par besoin. Un Shaati s’assurera toutefois des capacités de son élèves avant de le prendre en charge, n’est pas sorcier qui veut.

Organisation sociale

Les assanii sont répartis en une centaine de tribus. Chacune d’elle comporte entre 40 et 100 membres. Les assanii ne sont pas des nomades, de fait, leur installation sur un territoire dépend des ressources disponibles. C’est pour cela qu’ils s’étalent géographiquement. Réuni en un même endroit, ils devraient aller chasser trop loin leur nourriture, ce qui les pousserait à se déplacer à terme. Alors qu’en petite communauté, ils survivent très bien avec les ressources disponible dans leur rayon d’action, lesquelles se renouvellent. Les assanii ne connaissent pas la culture intensive, mais font pousser certaines plantes en petite quantité. Les assanii ne pratiquent pas l’élevage. Leurs principales ressources viennent de la cueillette et de la chasse. A cause de la Levée des Morts, la chasse est une pratique devenue plus compliquée. Les chasseurs sont soit eux-mêmes Shaati Kasrek, soit sont obligés d’emmener avec eux le sorcier des morts. La chasse en solitaire qui était une pratique courante avant la Levée des Morts a été presque entièrement abandonnée de fait.

Par expérience, les assanii savent que le sang doit être renouvelé dans la reproduction. De fait, les femmes en âge de procréer sont systématiquement envoyée dans d’autres tribus (une migration qui cause parfois quelques déchirements). Cette migration des femmes fait l’objet d’un rite annuel au printemps. Les assanii sont polygames, mais cette pratique n’est pas obligatoire ou systématique, et pour une large majorité, diluée dans leur mode de vie. Il n’y a aucun avantage social à avoir plusieurs femmes, c’est même plutôt l’inverse. Par ailleurs, le noyau familial en tant que tel n’existe pas. Les assanii s’accouplent avec une ou plusieurs femmes, mais ne forment pas de couple définitif. Dès qu’une femme est enceinte, elle n’est plus approchée, met au monde son ou ses enfants, et les élève seule. Le chef de la tribu est le seul qui jouit d’une relation privilégiée avec sa ou ses femmes puisqu’il les garde auprès de lui, assure leur subsistance et choisira son héritier parmi les nombreux enfants qu’il peut avoir. Chaque année, le chef peut sélectionner une femme supplémentaire dans l’arrivage de migrante et il peut répudier n’importe laquelle de ses femmes à n’importe quel moment, ce qu’il fait car au bout d’un moment, il est très mal vu qu’un chef ait tant de femmes que les autres hommes de la tribu ne puissent en avoir. Le Feydakin a aussi, à l’instar chef (quand il ne l’est pas lui-même) un ascendant sur les autres membres de la tribu, car il devra lui aussi avoir un héritier. La société assanii est patriarcale et les femmes n’y jouent pas d’autre rôle central que la reproduction et l’éducation. Le métier qu’elle exerce en dehors de ça est le plus souvent d’utilité pour l’habitat et la nourriture (culture, artisanat).

Les ressources de la tribu sont mises en commun. Le chef se sert toujours en premier, ensuite les femmes, puis les hommes. Mais le plus souvent, les femmes cuisinent les aliments pour toute la tribu donc se servent en conséquence de pratiquement tous les aliments. Les membres d’une tribu sont généralement assez unis et le chef, rarement contesté, d’autant plus s’il est lui-même Feydakin. Quand il l’est, il doit être défié au combat (généralement, à mort) et celui qui gagne devient chef. Les chef fait office d’autorité et règle les conflits interne à sa tribu. Il n’y a pas de tribunal à proprement parler, les plaignants se présentent avec leurs griefs, les accusés argumentent, et le chef tranche. Les conflits entre tribu, assez rare compte-tenu des distances qui les séparent, se règlent soit par un arrangement entre chefs, soit par la guerre quand aucun accord n’est possible. Il n’y a jamais eu d’alliance ni de volonté de fédérer les tribus assanii de leur part. Et en temps de catastrophe, un chef est désigné d’un commun accord entre les chefs de tribu pour guider le peuple, mais son ascendant sur les sien ne dure que le temps de la crise.